La complexité de l’évolution vers l’électrification dans la production automobile en Allemagne
En Allemagne, l’industrie automobile, traditionnellement prépondérante, rencontre des obstacles imprévus dans son cheminement vers l’électrification. Malgré un élan initial pour adopter cette nouvelle technologie, le secteur est confronté à des défis majeurs impliquant des pertes d’emplois à venir et des signes d’avertissement pour le futur de l’économie allemande, très dépendante de ce secteur.
Restructurations et suppressions d’emplois
La mutation vers l’électrique, plus ardue que ce que les acteurs de l’industrie avaient envisagé, a été soulignée par des dirigeants d’envergure. Par exemple, Stefan Hartung, à la tête de Bosch, illustre bien cette transition à travers des mesures drastiques telles que la réduction de postes, annonçant la suppression de 1 500 emplois d’ici 2025. Cela dénote d’une nécessité pressante de réduire les coûts et d’un état de tension exacerbée au sein de l’industrie.
Disparition des postes liés au moteur thermique
Les réductions d’effectifs étaient anticipées, notamment dans les départements consacrés au moteur à combustion interne. Ces coupes reflètent l’urgence de renverser la tendance des coûts élevés et la rareté de main-d’œuvre qualifiée, alors que la revalorisation des compétences des salariés reste une priorité pour les employeurs.
La délocalisation en Europe orientale
La pression pour rester compétitif a également incité à délocaliser certains emplois. Continental a proposé un plan pour diminuer ses coûts en supprimant 5 500 postes, dont 1 000 en Allemagne. ZF adopte une discipline stricte dans ses dépenses et envisage d’implanter des emplois issus du secteur électrique en Europe de l’Est, plutôt qu’en Allemagne.
Un exemple est la Serbie, où ZF prévoit d’augmenter ses effectifs de 1 000 à 6 000 personnes d’ici 2032. Cette tendance à la délocalisation, déjà bien entamée pour les plus petits sous-traitants impactés de plein fouet par la crise énergétique et la progression de l’inflation conjuguée à l’augmentation des salaires, s’intensifie.
Le secteur automobile allemand, pilier du label « Made in Germany » et moteur crucial des exportations allemandes, est donc à un tournant. Avec son chiffre d’affaires de 506 milliards d’euros en 2022 et ses 775 000 employés, sa capacité à se réinventer dans le contexte de transition énergétique et technologique semble plus périlleuse que jamais.
Il est évident que la course vers la mobilité électrique exige des adaptations profondes dans le tissu industriel allemand. Entre compressions de personnel et délocalisations, le chemin vers l’électrification s’annonce jonché d’obstacles. Ce virage stratégique, conditionné par la survie même de cette industrie, teste la résilience et la capacité d’innovation de l’Allemagne, dont l’excellence technique a longtemps été la marque de fabrique.